« Il existe un langage silencieux de la cuisine faite sur un feu de bois qu’il est impossible d’écrire. On apprend instinctivement, en touchant, en sentant, en faisant. Vous devez ressentir ce désir de flirter avec le feu »
Francis Mallmann, cuisinier argentin
Pour ouvrir cette nouvelle série d’articles consacrés à la cuisine sur feu de bois, la phrase légèrement provocante de Francis Mallmann, ce cuisinier argentin qui cuisine exclusivement sur un feu de bois (même dans un jardin en plein Brooklyn) m’a énormément inspirée. Cuisiner sur un feu de bois, c’est peut-être impossible à écrire. Je vais quand-même essayer.
Cuisiner sur un feu et couper le courant
Cuisiner sur un feu de bois, c’est avant tout établir une relation intime, secrète et personnelle avec le feu. C’est aussi « couper le courant », au sens propre, bien sûr, mais aussi au figuré. Sans électricité, tout devient sauvage. Quelque part en vous, une lumière intérieure va s’allumer. Une sensation, un pressentiment, un souvenir extrêmement lointain, comme venu du fond des âges. Se nourrir, se chauffer, éloigner le danger : voici les grands basiques de la vie humaine. Sans électricité, tout cela devient fragile, incertain, passionnant. Sauvage.
Cuisiner sur un feu et utiliser tous nos sens
Devant un chaudron posé sur un feu, vous vous mettrez soudain à utiliser tous vos sens. Comment cuisiner sans plaques, boutons, four et aides de toutes sortes ? C’est en même temps d’une totale simplicité et un défi passionnant. Vous allez tâtonner. Tenter d’allumer ce feu qui se refuse à vous, indocile et joueur. Une fois le feu allumé, il faudra apprendre à doser. Ajouter une bûche, ou l’enlever. Utiliser les braises, surveiller la chaleur. Écouter le chant du feu. Goûter. Sentir. Changer.
Cuisiner et se reconnecter
C’est à ce moment précis qu’arrivera ce que nous appelons aujourd’hui « la déconnexion ». C’est peut-être de « reconnexion » qu’il faudrait parler. Ce moment ou l’on se sent si terriblement…vivant. Relié à plus grand que soi. Oui, vous allez murmurer des prières secrètes adressées aux dieux connus de vous seuls. Hurler votre joie lorsque cette étincelle que vous tentez de faire surgir de ce fichu bout de métal accepte enfin de s’unir aux brindilles. Esquisser cette petite danse que vous faisiez enfant, lorsque vous sortiez vainqueur de quelque terrible bataille…Vous sentir très puissant, parce que ce guerrier, cette guerrière qui sommeillait au fond de vous est à nouveau là, en vous, avec son chant calqué sur les battements de votre cœur.
Et enfin ce repas… ah ce repas ! Tellement bon. Il faut le manger tout de suite. Ne pas tenter de le ramener à la maison. En pleine nature, tout a un goût différent. Une fois enfermé dans un frigo, il perdra toute sa magie. Et c’est bien ce que cherchiez non, finalement ? La magie de l’instant présent.
Si votre nature sauvage vous titille, rejoignez-moi pour un événement « cuisiner sur un feu de bois ». Tout sera prêt pour vous faire vivre un moment hors du temps. Le feu et moi, nous vous attendons.