«Dans son jardin, tout homme peut être un artiste, sans excuses, ni explications.»
Louise Beebe Wilder, écrivaine et paysagiste
Nos rêves viennent-ils vers nous, ou allons-nous à la rencontre de nos rêves?
Vous êtes-vous déjà demandé si vous rêviez les yeux ouverts, comme si soudainement vous aviez changé de réalité, que l’enfant au fond de vous avait repris possession de votre esprit, et que vous sous surpreniez à regarder le monde de cet oeil neuf et perpétuellement émerveillé qui appartient à l’enfance, dans ses moments heureux ?
Parfois, nos rêves deviennent réalité. De la manière la plus simple et la plus naturelle qui soit. Ils surgissent devant nous, comme ça, l’air de rien et nous regardent en souriant. Tu m’attendais et me voilà…je suis là, devant toi.
Un jardin en forme de message
C’est ce qui m’est arrivé il y a maintenant 3 mois : le jardin dont j’avais si longtemps rêvé est arrivé dans ma vie. Cela faisait des années que j’en avais envie. Mais je m’étais habituée à l’idée que “c’était impossible”. J’habite au centre d’une ville. Pas moyen de recréer le jardin de mon enfance, une sorte de paradis perdu, dont on n’est finalement même plus sûr qu’il ait vraiment existé. Pas moyen de déménager non plus, du moins pas pour l’instant. “Peut-être devrais-tu t’inscrire sur une liste d’attente pour un jardin familial?” m’a suggéré mon mari. J’ai hésité…Finalement, je l’ai fait. Je me suis inscrite, persuadée que de toute manière, ça ne marcherait pas, ou alors, que cela allait prendre des années. Que j’allais restée coincée sur une liste d’attente oubliée dans un tiroir.
Après deux mois d’attente à peine, j’ai reçu un étrange message : “J’ai un jardin et une cabane pour vous dans les hauts de la ville. Vous le voulez ?” Signé, le destin. Je plaisante bien sûr. Le message n’était même pas signé, et au début, j’ai cru qu’une âme peu charitable me faisait une blague ! Puis j’ai réalisé que c’était VRAI. Je suis allée le voir. Le coup de foudre a été immédiat, et je l’espère, réciproque.
Un jardin pour dire oui au destin
Une fois au pied du mur, il a fallu se décider. Prendre un jardin, c’est un peu comme adopter un animal : il faudra s’en occuper. Lui rendre visite tous les jours, en prendre soin. Allais-je trouver le temps nécessaire ? Le jardin de mon enfance avait été planté et entretenu par mon père, et mon expérience du jardinage se réduisait à un grand balcon.
J’ai décidé que l’on ne pouvait pas simplement éconduire la chance qui se présentait à ma porte. J’ai dit OUI, même si tout ça me faisait un peu peur. En fait, très très peur. Entre encouragements et avertissements, j’ai passé quelques semaines pleines de doute.
Depuis trois mois, j’ai donc un jardin. Et une cabane en prime. Pour l’instant, c’est un peu le chantier. Il faut remettre en ordre, réparer, changer des trucs, nettoyer… C’est passionnant, fatiguant, amusant, créatif… La cuisine d’extérieur n’existe pas encore, mais je la vois déjà, et je m’y vois, en train de préparer des plats pour vous, avec vous. Tant de rêves prennent forme, tout doucement.
En attendant le printemps, je m’instruis. Où placer le potager? Le jardin d’herbes? Les pommiers donneront-ils des pommes cette année? Faut-il créer une allée de rosiers? Devant mes yeux se dessinent les haies de romarin et les rosiers qui bordaient les allées de notre jardin marocain.
Savez-vous que lorsque le roi du Maroc avait traversé notre village en voiture (un événement exceptionnel qui ne s’était produit qu’une fois, et exigé de nombreux préparatifs) j’avais plumé tous les rosiers avec les copines, pour aller lancer les pétales sur la limousine, en hurlant “Al Watan, al Malik!” (vive la patrie, vive le roi) au bord de la route, sous le regard un tantinet consterné, mais aussi franchement amusé de mes parents?
Un jardin parce que la vie est imprévisible
En ce début d’année 2024, je constate une nouvelle fois que la vie est imprévisible. Lorsque j’ai commencé mon tout premier blog, il y a déjà huit ans, pour y partager ma goût de la cuisine maison avec vous, je ne m’imaginais pas au milieu d’un jardin. Je n’avais pas prévu de créer les expériences de cuisine en nature non plus. Suis-je allée chercher ces rêves, ou sont-ils venus à moi? Un peu des deux peut-être. Ils sont là aujourd’hui, bien réels. Ils me procurent un intense sentiment de joie.
Des nouveaux projets de dessinent de plus en plus nettement. Grâce à ce jardin, mais aussi parce qu’il faut toujours oser ce qui nous semble fou, infaisable, démesuré. Même si vous êtes morts de peur. Surtout si vous êtes morts de peur! Juste un tout petit pas… Qui sait vers quelle folle aventure il vous conduira.
Si vous avez envie de partager ma vie au jardin, de me lire au fil des mois, de découvrir des recettes de cuisine validées par trois générations de cuisinières, abonnez-vous à ma newsletter, suivez-moi sur Instagram, ou venez cuisiner en nature avec moi ! Je me réjouis d’avoir de vos nouvelles.
Pour l’instant, je file. Il faut que je me renseigne sur la taille des kiwis.
XX
PS: entre ces photos, il s’est passé 40 ans (plus ou moins). La première a été prise dans le jardin d’une amie il y a quelques mois, alors que je venais de remplir ma demande pour obtenir un jardin. Les autres dans le jardin marocain de mon enfance. J’y vois comme un lien invisible, un fil tissé dans la toile du temps, qui ne s’est jamais rompu. Avez-vous aussi ressenti cette continuité dans votre vie?